Rossini, c'est 39 Opéras, 18 Cantates, de la Musique Sacrée, de la Musique Instrumentale, de la musique vocale, hymnes et choeurs et 14 albums de Mélodies dénommés "les péchés de vieillesse".
Un autre opéra ne figure pas dans la liste : Ugo, re d'Italia est une oeuvre inachevée et disparue qu'avait commandé le King's Thearte de Londres en 1824.
Composition :1806 ; Création : 18.5.1812 Teatro Valle, Rome
Résumé de l'action : Le roi des Parthes, Polibio, a élevé comme son fils le jeune Siveno et, sachant son amour par sa fille Lisinga, est disposé à les unir. Un ambassadeur du roi de Syrie réclame Siveno. Il s'agit en vérité du roi lui-même et Siveno est son fils, Demetrio. Il décide de l'enlever par la ruse, et s'empare de ...Lisinga ! Querelles, rencontres, quiproquos, tout finira par la réconciliation des deux rois et l'idylle des amants.
" Je n'ai, je crois jamais senti plus vivement que Rossini est un grand artiste. Nous étions transportés, c'est le mot propre. Chaque nouveau morceau nous présentait les chants les plus purs, les mélodies les plus suaves. Nous nous trouvâmes bientôt comme perdu dans les détours d'un jardin délicieux, tel que celui de Windsor, par exemple, et où chaque nouveau site vous semble le plus beau de tous, jusqu'à ce que, réfléchissant un peu sur votre admiration, vous vous apercevez que vous avez accordé à vingt choses différentes le titre de la plus belle " Stendhal
farsa
comica en un acte. Livret de
Gaetano
Rossi.
Création : 3.11.1810 Teatro San Moisè, Venise
Résumé de l'action : Un négociant canadien se rend en Angleterre pour se marier. Il adresse à son correspondant anglais une lettre de change que devra lui présenter la jeune fille choisie par celui-ci. L'Anglais pense à sa propre fille. Hélas ! elle aimeen secret un commis de son père. Finalement le négociant canadien écrira sur sa lettre : "à l'ordre de M." puis adoptera son jeune rival.
Rossini
perpetue ici la tradition des opéras du
18ème siècle traitant
des intrigues amoureuses autour d'un mariage qui finalement va
réussir
à avoir lieu. Cet opéra connaîtra un
grand succès et sera suivi
d'autres
compositions à mi-chemin entre bouffe et séria.
En 5 ans, Rossini
n'écrit pas moins de 16 opéras. Cet
opéra laisse entrevoir l'évolution
de l'opéra bouffe, car il n'est bouffe que par le sujet mais
la qualité
dramatique des scènes laisse une large place au sentiment et
à une
diversité dans les comportements qui n'a plus grand chose
à voir avec
la commedia dell'arte.
Création : 26.10.1811 Teatro del Corso, Bologne
Résumé de l'action : Un amoureux sans argent, Ermano, parvient à évincer son rival, le riche et fat Buralicchio, en le persuadant que la jeune femme qu'ils aiment, la belle Ernestina, n'est en fait qu'un eunuque travesti..
Création : 8.1.1812 Teatro San Moisè, Venise
Résumé de l'action : Abusé par un traître, le duc Bertrando a jadis chassé sa femme et la croit morte. Elle a été recueillie en vérité par un vieux chef des mineurs, que chacun croit son oncle. Un jour, le duc visite la mine en compagnie de l'officier félon. Après quelques quiproquos et une nouvelle traîtrise avortée, le couple se réconcilie.
" Ici, le génie éclate de toutes parts. Un oeil exercé reconnaît sans peine, les idées mères de quinze ou vingt morceaux capitaux qui plus tard ont fait la fortune des chefs d'oeuvre de Rossini. L'inganno Felice est comme les premiers tableaux de Raphaël sortant de l'école du Pérugin ; on y trouve tous les défauts et toute les timidités de la première jeunesse." Stendhal
Création : 14.3.1812 Teatro Comunale, Ferrara
Résumé de l'action : L'histoire s'inspire de l'épisode biblique célèbre du festin de Balthazar. Cyrus est prisonnier du grand roi qui veut lui prendre sa femme. Il résiste, s'apprête à marcher au supplice, mais par un surprenant retour de fortune, sera délivré et montera sur le trône de Balthazar.
Création : 9.5.1812 Teatro San Moisè, Venise
Résumé de l'action : Dormont a promis en mariage sa pupille Giula à Blansac, mais elle s'est déjà mariée secrètement à Dorville et le reçoit, chaque nuit, au moyen d'une échelle de soie. Par bonheur une jeune cousine Lucilla qui habite aussi la maison aime Blansac. Un valet ridicule embrouillera à plaisir la situation qui bondira de faux rendez-vous en inutiles dépits sentimentaux jusqu'au sextuor final et à la réconciliation de tous les amoureux.
Création : 26.9.1812 Teatro alla Scala, Milan
Résumé de l'action : Le comte Asdrubale est entouré de trois femmes qui cherchent à l'épouser, mais une seule l'aime réellement, Clarice. Fatigué de leurs assiduités et de l'empressement d'un journaliste vénal, d'un homme de lettres ridicule, et d'un jeune poète, le comte monte un stratagème : il prétend être ruiné. Et tous de l'abandonner sauf Clarice et le poète Giocondo. Mais Clarice décide à son tour de se jouer de lui. Il est au désespoir jusqu'à ce que Giocondo réconcilie les amants.
" Cet opéra créa à la Scala une époque d'enthousiasme et de joie ; on accourait en foule à Milan, de Parme, de Plaisance, de Bergame, de Brescia et de toutes les villes à vingt lieues à la ronde. Rossini fut le premier personnage du pays ; on s'empressait pour le voir." Stendhal
Création : 24.11.1812 Teatro San Moisè, Venise
Résumé de l'action : Un aventurier, Parmenione, a profité d'un changement de valise avec le comte Alberto pour usurper son identité et se présenter à sa fiancée qu'il ne connaît pas, Bérénice. Mais celle-ci, pour mieux être à même de juger son futur mari a changé son rôle avec celui de sa soubrette Ernestina. Tout finira par un double mariage.
Farsa
giocosa en un acte. Livret de Giuseppe Foppa.
Création : 27.1.1813 Teatro San Moisè, Venise
Résumé de l'action : Le vieux Gaudenzio a promis sa pupille Sofia au fils du seigneur Bruschino, mais celle-ci aime Florville qu'elle reçoit en cachette. Bruschino fils, criblé de dettes, est retenu dans une auberge. Florville parvient à se faire passer pour lui et se présente à Gaudenzio, repentant. L'arrivée de Bruschino Père gâterait tout si Gaudenzio ne l'accablait pas de reproches pour s'être montré aussi sévère envers son "fils". Du coup, Bruschino père unit les amoureux, il s'en amuse et tant pis pour Gaudenzio.
Cela fait partie des "petits" opéras de Rossini. L'ouverture est caractéristique par les coups d'archers donnés par les violonistes sur leur pupitre.
Il
Signor Bruschino, Ouverture. - 5mn03 - 90 Ko -
Melodramma
eroico en deux actes. Livret de
Gaetano Rossi.
Création : 6.2.1813 Teatro La Fenice, Venise
Résumé de l'action : Le chevalier Tancredi, autrefois exilé de Syracue, débarque aux rivages siciliens et chante sa double joie, teintée d'amertume et de soupçons, de revoir en même temps que son ingrate patrie, sa bien aimée mais peut être infidèle Aménaïde. Aménaïde est promise par son père à Orbazzano, mais le retour de Tancredi contrariera ces plans. Les sarrasins attaquent la ville qui est défendue avec bravoure par Tancredi, ce qui permet un dénouement heureux. (Cette version n'est pas tragique, seule la fin est changée).
" En Lombardie, tous les dîners, celui du plus grand seigneur comme celui du plus petit maestro, commencent invariablement par un plat de riz ; et comme on aime le riz fort peu cuit, quatre minutes avant de servir, le cuisinier fait toujours cette question importante : Bisogna mettere i risi ? Comme Rossinir entrait chez lui désespéré, le cameriere lui fit la question ordinaire ; on mit le riz au feu, et avant qu'il fût prêt, Rossini avait fini l'air "di tanti palpiti" Le nom d'aria dei risi rappelle qu'il a été fait en un instant." Stendhal
C’est l’opéra, je crois, qui a vraiment lancé la carrière de Rossini. On a même parlé du premier opéra romantique. Mais à mon avis, on pensait plus au fond qu’à la forme. En effet, il y a des airs qui annoncent le romantisme, et qui apportent une intense émotion. Cependant, dans la forme, c’est encore très classique : récitatifs avec clavecin, on dirait parfois même des récitatifs baroques. La musique contient également beaucoup d’humour et de traits hilarants (dans l’esprit évidemment). Il y a une grande limpidité de l’orchestration, ce qui en fait une œuvre très relaxante. Tancrède est un chevalier syracusain et est joué par une voix féminine. Vous trouverez des extraits du deuxième acte. Le premier commence par une introduction de l’orchestre d’une mélancolie foudroyante. Puis un air solo suivi d’une entrée du chœur avec crescendo Rossinien en final. Notez la différence dans l’effet procuré par le chœur entre cet opéra de 1813 et les opéras français tels que le Siège de Corinthe et Guillaume Tell. On se demanderait s’il s’agit du même compositeur ! Ici, quelques accents, et la pureté des notes fait penser à Mozart. Le crescendo Rossinien prouve la complexité de la maîtrise de l’espace temporel. Enfin, le dernière air est constitué d’un duo quasi a capella d’une infinité finesse. La fin présente également tout l’humour de cette musique.
Tancrède, Acte 2. Scena. - 5mn16 - 1,84 Mo -
Tancrède, Acte 2. Aria. - 6mn51 - 2,40 Mo -
Tancrède, Acte 2. Duetto. - 8mn04 -
2,81 Mo -
Tancrède, Ouverture. - 6mn52 - 165 Ko -
Création : 22.5.1813 Teatro San Benedetto, Venise
Résumé de l'action : Mustafa, le bey d'Alger,est lassé des charmes de sa femme Elvira et décide de la donner à son esclave italien Lindoro. Arrive alors, échouée sur la côte africaine, Isabella, accompagnée de son soupirant Taddeo. Elle retrouve en Lindoro son amant disparu et fait passer Taddeo pour son oncle afin de lui éviter la mort. Mustafa s'éprend tout de suite de cette italienne rusée, qui profite de cet avantage pour retourner la situation en sa faveur et tout obtenir du bey. Au moment où ce dernier s'apprête à se débarrasser de sa femme, Isabella lui reproche ses moeurs barbares, l'oblige à reprendre son épouse et obtient de surcroît Lindoro comme esclave. Tandis que Mustafa nomme Taddeo "grand Kaimakan d'Alger", Isabella organise son évasion avec Lindoro. Les gardes sont enivrés et les italiens préparent l'investiture de Mustafa en "Pappataci", prétexte pour le faire boire. Isabella arrive enfin, entonne un hymne à la liberté, puis prend le large avec son amant et l'inévitable Taddeo. Resté seul, Mustafa revient auprès d'Elvira pour se faire pardonner.
Création : 26.12.1813 Teatro alla Scala, Milan
Résumé de l'action : L'empereur Aurélien, vainqueur de la reine de Palmyre Zénobie, s'est rendu maître de son défenseur, Arsace. Mais il ne peut s'opposer à leur amour mutuel. Aucune menace, aucune jalousie ne les ébranlent. Aurélien finira par les laisser en paix, en échange d'un gage de fidélité à la puissance romaine.
Création : 14.8.1814 Teatro alla Scala, Milan
Résumé de l'action : Un turc débarque en Italie en séducteur. Il rencontre Fiorilla qui est lassé de la monotonie de son mari. Suivent des scènes de coquetteries mais à la fin tout rentre dans l'ordre.
Création : 26.12.1814 Teatro La Fenice, Venise
Résumé de l'action : Le roi de Pologne, Sigismondo, a chassé son épouse Aldimira sur les conseils de son ministre félon Ladislas. Il a même ordonné sa mort, mais elle s'est réfugiée dans un bois. Le père d'Aldimira, le roi de Hongrie Ulric, approche avec son armée pour venger sa fille qu'il croit morte lui aussi. Pour échapper à son courroux et le détromper, Sigismondo cherche un sosie d'Aldimira et trouve, dans la forêt, Aldimira elle même qu'il n'a pas reconnue... Plus tard Ladislas mourra et le couple royal se réconciliera.
Création : 4.10.1815 Teatro San Carlo, Naples
Résumé de l'action : Elisabetta peut être heureuse, ses armes sont sorties glorieuses pour mettre fin aux désordres politiques de son royaume grâce au général victorieux Leicester pour lequel elle voue une ardente flamme. Cependant Norfolk, un courtisan ambitieux souhaite s'emparer du trône en obtenant les faveurs de la reine. Il calomnie Leicester qui de plus s'est marié en cachette avec Matilde, la fille de la pire ennemie d'Elisabetta : Maria Stuarda. Outragée la reine rançonne la vie de Matilde par l'amour de Leicester tout en écartant Norfolk qu'elle exècre. Les souhaits de la reine ne sont pas exaucées et Leicester est emprisonné. Après la découverte des machineries de Norfolk, ce dernier est condamné et Elisabetta accorde son pardon et sa bénédiction à Leicester et Matilde.
" Il était clair que pour réduire les envieux au silence, Rossini allait composer quelque chose de vigoureux et d'animé, avec des lignes vocales très ornées plutôt que de simples mélodies ouvertes. Plutôt que d'émouvoir, il devait surprendre par une exubérance de thèmes et de mélodies brillantes, une grande variété, des modulations audacieuses et un riche tissu orchestral. Il devait agrémenter le chant d'une profusion de trilles élégantes et de difficultés techniques, prévoir des finals à la progression parfaitement réglée et impressionnants par leur volume sonore, sans oublier les crescendi au succès infaillible." Giuseppe Radiciotti
Création : 26.12.1815 Teatro Valle, Rome
Résumé de l'action : Le duc d'Ordwo poursuit de sa haine le seigneur Torvaldo. Il fait emprisonner sa femme Dorliska et la persuade que Torvaldo est mort. Mais celui-ci, prévenu, se glisse dans le château de son ennemi déguisé en bûcheron. Reconnu, il est jeté en prison. Le duc somme Dorliska de choisir entre la rupture de son mariage, pour se donner à lui, ou la mort de Torvaldo... Mais le peuple se soulève et attaque le château.
comedia
en deux actes. Livret
de Cesare Sterbini.
Création : 20.2.1816 Teatro Argentina, Rome
Le comte Almaviva est amoureux de Rosine qui n'est pas insensible à son charme. Cependant elle ne peut s'échapper des griffes de son tuteur Don Bartolo qui souhaite l'épouser malgré la différence d'âge. Almaviva qui veut se faire aimer pour lui même et non pour son titre, trouve juste à propos Figaro qui n'aura de cesse de l'aider dans ses démarches à travers les plus fous déguisements, et les situations les plus cocasses. Finalement malgré les tours rocambolesques du comte qui n'aboutissent pas, Rosine et Almaviva se marient et Don Bartolo doit se résigner à la liesse générale.
" On a parlé d'un certain diabolisme du Barbier. Le mot peut être retenu, à condition que l'on en noircisse pas le sens. La variété incessante des figures musicales, airs, récitatifs, duos, ensembles, l'élan rythmique qui les possède créent un tourbillon de vie. La volubilité du récit est d'une cocasserie insurpassable." Lucien Rebatet
C’est sans doute l’opéra le plus connu, le plus populaire, le plus joué, le plus enregistré. Je pense que c’est l’opéra qui donne à la majorité l’image (fausse) de Rossini. A son époque, il était plus connu (et reconnu) comme compositeur d’opéras séria. Cela n’empêche, le barbier de Séville est quand même très représentatif du style comique de Rossini et des procédés utilisés pour faire jaillir le comique des situations des personnages, de l’action théâtrale, et de l’imbrication des passions. On site souvent l’air de la Calomnie pour caractériser l’impression d’immobilité au sein d’un mouvement répété de manière obsessionnelle. L’air d’entrée de Figaro est très connu également. J’ai choisi de vous présenter un extrait de chœur comportant un crescendo Rossinien. L’action est faite d’une multitude de quiproquo. Tout le monde est travesti, certaines personnes se reconnaissent, d’autres pas. C’est la confusion totale. Les paroles traduisent bien cette situation absurde et la musique nous fait tournoyer comme dans un manège et en fait après, on ne sait plus très bien où on est.
Le
barbier de Séville, Acte 1. Ma signor... . - 5mn38 - 1,39 Mo
-
Le
barbier de Séville, Final . - 1mn59 - 50 Ko -
Le
barbier de Séville, Air bartolo . - 5mn56 - 79 Ko -
Le
barbier de Séville, Air basilio "La calumnia". - 3mn56 - 44
Ko -
Le
barbier de Séville, Air berta . - 2mn53 - 27 Ko -
Le
barbier de Séville, duetto Figaro, Conte. - 3mn20 - 54 Ko -
Le
barbier de Séville, duetto Figaro, Rosina. - 4mn04 - 47 Ko -
Le
barbier de Séville, Figaro "Largo factotum". - 4mn10 - 92 Ko
-
Le
barbier de Séville, Figaro "Largo factotum" (autre version).
- 4mn11 -
30 Ko -
Le
barbier de Séville, Quintet. - 9mn47 - 142 Ko -
Le
barbier de Séville, Rosina "una voce poco fa". - 3mn48 - 38
Ko -
Le
barbier de Séville, Ma signor... . - 6mn07 - 103 Ko -
Le
barbier de Séville, tempete. - 2mn29 - 42 Ko -
Le
barbier de Séville, Final. - 1mn59 - 50 Ko -
Création : 26.9.1816 Teatro de' Fiorentini, Naples
Résumé de l'action : Chassé croisé de deux couples amoureux, dans une auberge à Paris. Un riche négociant italien incroyablement fat a fait publier dans une gazette une annonce qui vante les beautés de sa fille et appelle les soupirants à se présenter. Un prétendant se trompera sur l'objet du marché, le marchand sera abusé, les amants se retrouveront...Mariages et fin.
Dramma
en trois actes. Livret de Francesco
Berio di Salsa.
Création : 4.12.1816 Teatro del Fondo, Naples
Résumé de l'action : Il s'agit de l'histoire célèbre d'Otello de Shakespeare...largement remaniée. Le général Maure soupçonne sa femme Desdemone d'infidelité et finit jaloux par la tuer en persistant dans son erreur.
" Si nous oublions Shakespeare et goûtons l'Otello de Rossini comme le bel opéra séria qu'il est, nous ne pouvons manquer de comprendre sa célébrité. C'est un des premiers opéras italien du 19ème siècle à accepter une fin tragique et , à cet égard, il préfigure la dramaturgie plus brutale des opéras de Bellini et Donizetti. En vérité si nous devions choisir un moment charnière entre les mondes de l'opéra italien du 18ème et du 19ème, ce moment ne pourrait être que le troisième acte d'Otello." Philip Gossett
J’ai entendu à la présentation de l’Othello de Verdi, qu’aujourd’hui, l’opéra de Verdi était plus connu que celui de Rossini (et aurait plus de valeur…) même si Verdi avait dit lors de la composition de son Othello, qu’il n’arriverait jamais à la cheville de Rossini. Je pense qu’on ne peut pas comparer les deux opéras qui sont chacun très beau mais de style radicalement différent. L’histoire traitée par Rossini est moins rigoureuse et moins fidèle à Shakespeare. Mais la musique est la musique. Elle dépasse la poésie, l’action théâtrale, et même la compréhension du texte. On peut très bien écouter un opéra en Italien et apprécier la musique à sa juste valeur sans rien comprendre aux paroles. Ce n’est pas le cas de la littérature : personne ne lit des poèmes dans une langue qu’on ne comprend pas, de la peinture : personne ne regarde des tableaux dans le noir, …etc. … La musique est bien l’art majeur, l’art des Muses : la Mousikè. L’extrait ci-dessous est l’air du saule de Desdemona. J’ai remarqué qu’énormément d’airs tristes devant particulièrement être détachés du reste sont introduits et accompagnés par la Harpe. L’effet est toujours particulier et intime.
Otello,
Acte
3. Assisa a' piè d'un salice...Che dissi!. - 9mn01 - 2,19
Mo -
Otello, Acte 1 Cavatina "Ah! Si per voi gra serto". - 6mn11 - 42 Ko -
Dramme
giocoso en
deux actes. Livret de Giacomo Ferretti.
Création : 25.1.1817 Teatro Valle, Rome
Résumé de l'action : Cendrillon, pauvre fille en haillons maltraitée et méprisée par sa famille : un beau père irrespectueux et tyrannique en admiration devant ses deux filles insolentes, coquettes et vaniteuses. Elle devient l'épouse du prince après avoir montré sa bonté envers les indigents et la pureté de ses sentiments. Dans sa grande magnanimité elle pardonne à tous ceux qui l'ont offensés et les invite à célébrer dans la joie et la concorde la fin de ses misères.
"
Bien
qu'écrite en trois semaines seulement, la partition a
été établie par Rossini avec un soin
extrême et l'on admire à chaque
page sa volonté déterminée et
l'étonnante clarté de ses intentions
musicales révélant, outre le grand compositeur,
le maître hors de pair
de l'instrumentation et l'interprète doué d'une
infaillible intuition." Alberto Zedda
L'histoire de Cendrillon est très connue. Rossini se permet quelques changements par rapport au conte originel. Il y a beaucoup de situations comiques que la musique traduit parfaitement. Rossini a le don de faire transfigurer les plus hauts sentiments aux gens les plus modestes. Assurément, Cendrillon est digne d'un Fabius Maximus quand elle dit : "Ma vengeance sera de leur pardonner".
Cendrillon,
Ouverture. - 7mn40 - 94 Ko -
Cendrillon, Dandini Cavatina. - 5mn42 - 76 Ko -
Cendrillon, Don Magnifico. - 5mn04 - 63 Ko -
Cendrillon, Introduzione. - 9mn55 - 143 Ko -
Cendrillon, "Non piu mesta". - 2mn26 - 17 Ko -
Melodramma
en deux
actes. Livret de Giovanni Gherardini.
Création : 31.5.1817 Teatro alla Scala, Milan
Résumé de l'action : La pie voleuse narre l'histoire d'une accusation injustifiée d'une domestique, Ninetta, à cause de vols de divers objets précieux qui sont en fait commis par une pie. Condamnée à mort car elle a refusé le chantage du maire si elle cédait à ses avances, elle marche au supplice lorsque son jeune amoureux découvre les méfaits de la pie et retrouve tous les objets disparus. Il arrive à temps pour sauver la pauvre Ninetta, leur amour est fêté et la réconciliation est générale.
" La Gazza Ladra produisit une sensation immense. On ne saurait dire avec quelle fureur on en fêta tous les morceaux sans distinction. A partir de l'ouverture, une page sublime, jusqu'à la dernière scène où l'inspiration pathétique s'élève jusqu'au lyrisme, tout dans cet opéra est scellé d'un cachet souverainement original. Le musicien passe avec un art infini du drame à la comédie, et, ce qui est admirable, c'est qu'au moment même où les ridicules lazzis du bailli font naître le sourire sur les lèvres, on se sent pris par une émotion involontaire, tant la scène est imprégnée du fluide dramatique." Les frères Escudier
C'est un opéra mi-buffa mi-séria. Il y a une marche funèbre fantastique, qui ressemble à une marche au supplice. A l'époque, un critique a écrit que Rossini traitait la musique d'une manière tellement solennelle qu'on pensait que les personnages représentés sur scène étaient César ou Trajan, la marche militaire ressemblant au triomphe d'Alexandre le Grand alors qu'il n' y a que Pipo et Ninetta sur scène. Cette évaluation fait bien ressortir cet aspect que j'ai déjà évoqué, à savoir, que Rossini sublimait les sentiments simples mais purs des gens modestes. Cette façon d'idéaliser les sentiments est vraiment fabuleux. Tout le monde connaît l'ouverture. Elle a été reprise dans le film de Stanley Kubrik "Orange Mécanique" : toutes les scènes violentes sont généralement couvertes par la musique de Rossini.
La
Gazza Ladra, Ouverture (Extrait). - 8mn18 - 130 Ko -
La
Gazza Ladra, Ouverture. - 8mn57 - 291 Ko -
La
Gazza Ladra, I Gondolieri . - 4mn10 - 28 Ko -
Dramma
en trois actes. Livret de Giovanni
Schmidt.
Création : 11.11.1817 Teatro San Carlo, Naples
Résumé de l'action : C'est l'histoire d'une magicienne sarrasine et d'un croisé qui tombent amoureux. Leur amour est impossible, et malgré les envoûtements d'Armida, Rinaldo finit par rejoindre son camp. Délaissée, la pauvre Armida se retire avec amertume.
" L'extrême volupté qui, aux dépends du sentiment, fait souvent le fond des beaux airs de Rossini, est tellement frappante dans le duetto d'Armide, qu'un dimanche matin qu'il avait été exécuté d'une manière vraiment sublime, je vis les femmes embarrassées de le louer." Stendhal
Une grande partie instrumentale est merveilleuse par son éclat et son humour. La fin est extraordinaire d'un point de vue rythmique : Les timbales et le triangle donnant le tempo de manière régulière martelant le désespoir haineux d'Armide.
Armida,
D'amor al dolce. - 4mn22 - 35 Ko -
dramma
en deux actes. Livret de Giovanni Schmidt.
Création : 27.12.1817 Teatro Argentina, Rome
Résumé de l'action : En 947, sur les bords du lac de Garde, l'aventurier Bérenger et son fils Aldebert se sont emparés de la forteresse de Canosso. L'empereur d'Allemagne, Otton, est venu secourir Adelaïde qu'aime Aldebert. Les deux hommes se la disputent. Otton lui offre l'amour et le trône. Et Adelaïde se retrouve tour à tour prisonnière, otage et gage...
Azione
tragi-sacra en trois actes. Livret
d'Andrea Leone Tottola.
Résumé de l'action : Les Israélites s'apprêtent à partir d'Egypte pour recouvrer leur Liberté après la promesse du Pharaon. Cependant, Osiris, le fils du pharaon ne peut se résoudre à ce départ puisqu'il aime Elcia, une jeune israélite qui l'aime également. Il contrarie les projets de départ de Moïse et son peuple, ce qui provoque des cataclysmes signes de la colère de Dieu. Lorsque Osiris proclame la mise à mort de Moïse, il est foudroyé. Les Israélites fuient en passant par la mer rouge qui s'est ouverte pour leur permettre le passage. Les poursuivants Egyptiens sont engloutis.
" Le passage de la
mer Rouge était
épineux car fort délicat à
représenter sur scène. Les trucages du San
Carlo étaient ridicules et le public sifflait de bon coeur.
Lors de la
reprise de l'opéra au San Carlo l'année suivante,
Rossini modifia le
troisième acte en y introduisant la fameuse
prière de Moïse, et il le
fit presque par hasard. C'était un matin. Le compositeur
paressait dans
son lit tout en recevant une vingtaine de ses amis lorsque surgit le
librettiste Andrea Leone Tottola :
- Maître, Maître, j'ai sauvé le
troisième acte, lui dit il...
- Eh ! que diable as tu pu faire, mon pauvre ami ? répondit
Rossini en
imitant la manière moitié pédante,
moitié burlesque de l'homme de
lettres ; on nous rira au nez comme à l'ordinaire.
- Maestro, j'ai fait une prière pour les Hébreux
avant le passage de la
mer Rouge.
Là dessus le pauvre poète crotté tire
de sa poche un grand pli de
papiers arrangés comme des papiers de procès ; il
les remet à Rossini
qui se met à lire quelques griffonnages écrits
à mi-marge sur le papier
principal. Le pauvre poète saluait en souriant pendant la
lecture :
- Maestro, è lavoro d'un ora, (le travail d'une heure)
répétait il à
voix basse à tous moments. Rossini le regarde
- E lavora d'un ora, he ! , le pauvre poète, tout tremblant
et
craignant plus que jamais quelque mauvaise plaisanterie, se faisait
petit ; et le regardant avec un rire forçé :
- Si signor, si signor maestro !
- Hé bien si tu as mis une heure pour écrire
cette prière , moi je vais
en faire la musique en un quart d'heure.
A ces mots, Rossini saute de son lit, s'assied à une table
tout en
chemise, et compose la musique de la prière de
Moïse en huit ou dix
minutes au plus, sans piano, et la conversation continuant entre les
amis, et à très haute voix, comme c'est l'usage
du pays.
- Tiens, voila ta musique, dit il au poète qui
disparaît et il saute
dans son lit en riant avec nous de l'air effaré du Tottola.
Le lendemain, je ne manquai pas de me rendre au San Carlo.
Mêmes
transports au premier acte ; au troisième, quand arriva le
fameux
passage de la mer Rouge, mêmes plaisanteries. Les rires
commençaient
déjà à s'établir au
parterre, lorsqu'on vit Moïse commencer un air
nouveau : "Dal tuo stellato soglio". C'était une
prière que tout
peuple répète en choeur
après Moïse. Surpris de cette nouveauté,
le parterre écouta et les rires cessèrent tout
à fait. Ce choeur fort
beau était en mineur ; Aaron continue, le peuple chante
après lui.
Enfin, Elcia adresse au ciel les mêmes voeux, le peuple
répond ; à cet
instant tous se jettent à genoux et
répètent la même prière avec
enthousiasme : le prodige est opéré, la mer
s'ouvre pour laisser un
chemin au peuple protégé du Seigneur. Cette
dernière partie est en
majeur. On ne peut se figurer le coup de tonnerre qui retentit dans
toute la salle ; on eût dit qu'elle croulait. Les spectateurs
des
loges, debout et le corps penché en dehors pour applaudir ,
criaient à
tue tête : bello ! bello ! o che bello ! Jamais je n'ai vu
telle
fureur, ni tel succès, d'autant plus grand qu'on
s'apprêtait à rire et
à se moquer ." Stendhal
Il s’agit d’un opéra mi-sacré. D’une part le sujet est tout biblique. D’autre part, des passages font vraiment penser à de la musique sacrée. Les deux extraits que je vous propose sont les plus caractéristiques de l’opéra. Le premier concerne la fuite des Hébreux poursuivis par l’armée Egyptienne. Ils se retrouvent devant la Mer Rouge et leur sort est désespéré. Mais Moïse a plus d’un tour dans son sac. Avec un coup de bâton, Moïse va arranger les choses comme il l’a déjà fait plusieurs fois tout au long de l’opéra. Ce bâton magique va donc écarter les flots de la Mer Rouge et dégager un passage. Mais ce miracle est bien entendu précédé d’une prière. Cette prière est évidemment magnifique. Elle n’est pas originelle et a été rajoutée quelques temps après le semi échec de la première représentation. Il semble que ce morceau ait été le catalyseur de tout le reste de l’opéra qui a été reconnu à juste valeur après. Le deuxième extrait est le final. Les Hébreux réussissent à passer de l’autre côté de la mer, les Egyptiens s’engagent dans le passage mais les flots se rabattent sur eux. La fin est assez descriptive avec une période d’accalmie qui suggère le soulagement d’un peuple ayant recouvré sa liberté.
Mosè
in Egitto, Acte 3. Dal Tuo Stellato Soglio. - 5mn08 - 1,27 Mo -
Mosè in Egitto, Acte 3. Son Fuggit!
O Ciel, Che Miro. - 4mn25 - 1,10 Mo -
farsa
en un acte. Livret de Gherardo
Bevilacqua-Aldobrandini.
Composition : 1818 ; Création : 22.6.1826 Real Théâtre de S. Carlos, Lisbonne
Résumé de l'action : Le calife de Bagdad aime sa jeune esclave Adina, et se fâche lorsqu'il apprend qu'elle aime Selim déguisé en garçon jardinier pour retrouver et approcher celle qu'il aime. Par bonheur, le calife reconnaîtra en Adina sa fille autrefois disparue, et l'unira à Selim.
Dramma
en deux actes. Livret de Francesco Berio di Salsa.
Création : 3.12.1818 Teatro San Carlo, Naples
Résumé de l'action : Le roi Arogante revient en Nubie après avoir enlevé Zoraïde à son père Ircano et à son amant Ricciardo. Ce dernier veut sauver sa fiancée et abuse Arogante, mais finalement est reconnu de lui. La prison et la mort lui sont réservés si Zoraïde n'épouse pas Arogante. Une troupe de guerriers sauve Ricciardo et Zoraïde au moment fatal.
" Cet opéra eut un succès incontesté à Naples et ne retrouva ce succès en aucun autre lieu du monde. Hérold y découvrit comme dans tous les ouvrages de ce diable de Rossini des choses admirables. Mais le professeur Radiciotti décèle des soupirs à la Bellini, et des élans à la Verdi. Et en effet, dans tous les opéras de son âge mûr, sitôt que Rossini met un frein aux roulades et aux arpèges, on voit apparaître ces longues phrases caractéristiques, chaudes d'émotion sincère, qui nous semblent propres à Bellini, Donizetti, et au jeune Verdi, mais avec bien moins de vulgarité méridionale." Lord Derwent
azione
tragica en deux actes. Livret
d'Andrea Leone Tottola.
Création : 27.3.1819 Teatro San Carlo, Naples
Résumé de l'action : Ermione aime Pyrros qui lui a juré fidelité mais en qui triomphe son amour pour sa captive Andromaque. Oreste de son côté aime Ermione et se fait l'instrument de sa vengeance. Mais c'est une vengeance qu'elle exige de lui dans un moment de fureur. Et Pyrros mort, c'est Ermione elle même qui livre Oreste aux Erynies.
Dramma
en deux actes. Livret de Giovanni Schmidt revu par Tottola et Bevilacqua
Création : 24.4.1819 Teatro San Benedetto, Venise
Résumé de l'action : Eduardo est un courageux seigneur mais traître à sa femme Cristina qu'il a épousé secrètement et que le roi veut maintenant marier...
melodramma
en deux actes. Livret d'Andrea Leone Tottola.
Création : 24.9.1819 Teatro San Carlo, Naples
Résumé de l'action : Elena aime le jeune chef Malcolm mais est promise par son père à Rodrigo de Dhu, rebelle au roi d'Ecosse Jacques. Rodrigo sera tué au combat et malgré, l'amour qu'Elena lui inspire, le roi finira par l'unir à Malcolm.
" Cet opéra par son élan imaginatif, sa cohérence, sa couleur locale, est un véritable phénomène si nous nous souvenons qu'il a été écrit en 1819. Leopardi disait en l'entendant quatre ans plus tard à Rome : Cette musique exécutée par des voix merveilleuses est chose stupéfiante, et moi même je pourrai y verser des larmes si le don des larmes ne m'avais pas été ôté. Hérold, dans ses mémoires, déclarait que plus des trois quarts de cet opéra étaient délicieux , et dans les derniers temps de sa vie, l'auteur de La juive, Halévy, proclamait qu'il ne voulait pas mourir avant d'en avoir revu le premier acte." Lord Derwent
melodramma
en deux actes. Livret de Felice Romani.
Création : 26.12.1819 Teatro alla Scala, Milan
Résumé de l'action : A Venise, au 17 ème siècle, le doge Contareno veut donner sa fille Bianca en mariage à Capellio, et il entreprend une conjuration malheureuse pour perdre Falliero qu'aime Bianca. Falliero finalement sera couronné par la Sénat et acclamé par le peuple.
dramma
en deux
actes. Livret de Cesare della Valle.
Création : 3.12.1820 Teatro San Carlo, Naples
Résumé de l'action : Maometto II est en guerre contre Venise. Mais il aime une italienne. L'amour est impossible, la guerre fait rage ...
" Si Rossini continue dans cette nouvelle voie, Maometto marquera dans l'histoire de ses opéras une seconde période plus glorieuse que la première... L'oeuvre montre comment unir toutes les merveilles de la mélodies, de l'harmonie et du rythme, et comment adoucir l'oreille avec des expressions qui bouleversent les coeurs les moins sensibles."
melodramma giocoso en deux actes.
Livret de
Giacomo Ferretti.
Création : 24.2.1821 Teatro Apollo, Rome
Résumé de l'action : Le seigneur Coradin vit en sauvage dans son château. Deux femmes parviennent à forcer son hospitalité, la comtesse d'Arco et Matilde qui s'est juré de le séduire. Malgré les pièges de la comtesse jalouse, malgré des armées en bataille et des prisonniers échappés des cachots, elle y parviendra, après avoir été un moment laissée pour morte dans une forêt.
dramma
en deux actes. Livret d'Andrea Leone
Tottola.
Création : 16.12.1822 Teatro San Carlo, Naples
Résumé de l'action : A Lesbos, Antenore n'a pas hésité à aller jusqu'au crime pour parvenir au pouvoir. Encore lui faut il éliminer Zelmira, fille de l'ancien roi Polydoro donné pour mort. Seule Zelmira sait qu'il est encore en vie, elle connaît son refuge. Hélas ! Antenore les surprend et va les exécuter. Mais l'époux de Zelmira viendra les sauver à la tête de son armée.
Le style de cet opéra ressemble à ce que sera plus tard le style des opéras « français » : Une orchestration très élaborée, des chœurs imposants ayant une grande importance et un sujet très patriotique. J’ai lu une critique dire qu’il s’agissait du plus bel opéra de Rossini ! Je ne sais pas pourquoi, mais comme les autres il est très beau. Il a un caractère très tragique voire fataliste : c’est l’impression que me donne l’ouverture par exemple et que je vous invite à écouter.
Zelmira,
Acte 1, Scene 1 Introduzione-Coro: Oh Sciagura! - 3mn11 - 0,84
Mo -
melodramma
tragico en deux
actes. Livret de Gaetano Rossi.
Création : 3.2.1823 Teatro La Fenice, Venise
Résumé de l'action : La reine Sémiramis avec son complice Assur a fait tuer son mari pour régner seule. Son fils Ninias a pu échapper au massacre. Elevé à Babylone, il est devenu par la suite, sous le nom d'Arsace, le plus valeureux général de Sémiramis. La reine voulant se choisir un nouvel époux désigne Arsace ! Le spectre du roi menace Sémiramis, Arsace lui révèle son identité. D'horreur elle souhaite se suicider mais Ninias l'en empêche en accusant Assur. En préparant sa vengeance, Ninias tue dans le noir sa mère au lieu d'Assur. Ce dernier est arrêté. Ninias, souhaite la mort, après la découverte de son erreur mais on lui enjoint de vivre et devient le nouveau roi.
" Malgré le charme des traits de vocalisation encore très nombreux, il y a déjà des accents, un certaine couleur locale, qui font de cet opéra une formule d'alliance des écoles italiennes et françaises. C'est à la fois la dernière oeuvre italienne et la première oeuvre française de Rossini. Nous l'avons dit, c'est un Guillaume Tell italianiste. Mais, à notre goût, c'est l'opéra rossinien par excellence. Celui qui révèle le mieux la vraie nature du compositeur." Jean Louis Caussou
dramma
giocoso en un acte. Livret de Lugi Balocchi.
Création : 19.6.1825 Théâtre Italien, Paris
Résumé de l'action : Une foule de personnages de toutes nationalités se dirigent à Reims pour assister au couronnement de Charles X, et échouent dans l'auberge du Lys d'or. Pour passer le temps, les différents personnages vont se raconter des histoires...
Composé pour célébrer le couronnement de Charles X, cet opéra montre toutes les contradictions de Rossini. En effet, d’une part il célèbre un roi qui aspire au retour à une forme rigide de la monarchie alors que Rossini a un tempérament assez libéral et idéaliste. D’autre part, Rossini exprime ses sympathies pour l’ancien régime (!) mais non sans ironie. Le voyage à Reims se situe au sein d’une auberge (le Lys d’or : nom évocateur) située à quelques kilomètres de Reims. C’est le lieu de rencontre de tous les « pèlerins » qui viennent assister au couronnement mais bizarrement personne n’arrive à rejoindre Reims et donc à participer à l’événement. Le règne du nouveau roi est salué par plusieurs extraits d’hymnes européens et une célèbre chanson de la renaissance. Un passage fameux nous présente un air chanté en plusieurs langues (j’ai pu relever l’italien évidemment, l’anglais, le français, l’espagnol et le russe). C’est un passage assez drôle : le chanteur débite le texte à toute allure pendant que l’orchestre joue la mélodie. Enfin, le plus impressionnant réside dans le passage qui associe l’ensemble des pèlerins égarés. Vous connaissiez sans doute les airs solos, les duos, les terzettos, les quatuors, et les sextuors. Mais comment appelle-t-on un ensemble de solistes de 14 voix ! Oui, c’est la performance réalisée et sûrement inégalée par ailleurs. L’effet est exceptionnel sur fond de crescendo Rossinien habituel. Accrochez vous : ça décoiffe !
Le
voyage à Reims, Scene 20 Signor, ecco una lettera - 6mn39 -
1,63 Mo -
Le
voyage à Reims, Ouverture. - 6mn59 - 118 Ko -
Tragédie
lyrique en trois actes. Livret de Luigi Balocchi et Alexandre Soumet.
Création : 9.10.1826 Théâtre de l'Académie Royale de Musique, Paris
Résumé de l'action : Le jeune Néocle est amoureux de Pamira. Seulement, la guerre fait rage contre les turcs et Corinthe est menacée. L'espoir des Grecs est anéanti mais Néocle sait réinsuffler l'envie de combattre pour la liberté. Le comandant turc n'est autre qu'Almanzor, homme sous le nom duquel Pamira était tombé amoureuse à Athènes. En reconnaissant Pamira, il propose la paix en échange de son union avec elle. Elle semble s'y résigner mais son père la chasse pour trahison. Après de multiples péripéties, Pamira choisit sa patrie et se marie à Néocle. Elle attend dans l'Eglise le dénouement du combat qui s'achève tragiquement pour les grecs. Maometto déboule dans l'Eglise pour compléter sa victoire mais Pamira se suicide devant ses yeux.
" Rossini était doué pour la musique patriotique, quand il était d'humeur à en faire et qu'elle ne lui était pas commandée exprès. Dans le Siège de Corinthe et dans Guillaume Tell il s'est donné carrière. Energique, martial, ingénieusement orchestré, ce travail reconstitué ne manqua pas son effet. L'intuition presque inquiétante dont était doué Rossini pour deviner ce qui devait plaire, avait vu juste une fois de plus." Lord Derwent
Il s'agit d'un autre opéra "Français". C'est avec Guillaume Tell, l'opéra le plus "droguant" qui existe. Il est cependant très différent. L'histoire raconte la destruction de Corinthe par le turc Maometto II. Les choeurs sont imposants, beaucoup d'airs entraînants, des passages bouleversants, et surtout une virtuosité vocale qui dépasse l'entendement. Je ne sais si cela provient de ma version, mais les chanteurs, surtout la soprano effectuent des acrobaties vocales, des effets explosifs à vous couper le souffle. Que les amateurs de vocalises mélodiques sautent sur cet opéra. On est à la fois impressionné par la technicité de l'exécution, mais rien n'est là pour "épater la galerie". Tout le génie est là : une complexité technique ahurissante sans lourdeur ! On est juste retourné comme une crêpe, on a la sensation d'avoir fait un passage dans le tambour du sèche linge en pleine rotation (ça ne m'est jamais arrivé, mais j'imagine !), mais on est pétrifié par la beauté intrinsèque de la mélodie et du rythme.
Cet opéra est une révision d'un opéra précédent nommé Maometto II. Quelques morceaux diffèrent, certains ont été retirés, d'autres sont nouveaux, et également l'enchaînement des numéros est changé. L'histoire n'est pas tout à fait la même. Dans Maometto II, il s'agit d'un combat contre les Vénitiens, et non contre les Grecs.
Pour anecdote, le siège de Corinthe eut plus de succès que son parangon. Les critiques et le public de l'époque ont unanimement applaudis l'oeuvre.
" Les trois actes du sièges de Corinthe recueillent à l'Opéra dès le 9 octobre 1826, une immense ovation. Le succès ou précisément le triomphe de Rossini fut éblouissant. La musique des deux premiers actes est certainement de la plume du célèbre compositeur, mais celle du troisième ne lui appartient pas, elle est du Dieu de l'harmonie !. Au soir de la première, Rossini refusa de venir saluer le public et d'accepter le Légion d'Honneur offerte par le roi Charles X en récompense de ses talents, sous le prétexte que des artistes français comme Hérold ne l'avaient toujours pas reçue."
Le soir de la première représentation, chaque numéro du troisième acte fut bissé au moins une fois avec des applaudissements interminables entre chaque morceau (jusqu'à un quart d'heure). L'opéra enfin terminé, l'enthousiasme général empêchait la foule de croire à cette fin. On réclamait à corps et à cris l'apparition de Rossini, qui assistait à la première, sur la scène pour l'acclamer. Le maître était quant à lui modestement rentré chez lui. Le public ne voulait pas croire le directeur du théâtre. Il a fallu faire venir un huissier pour faire comprendre à tout le monde que Rossini n'était plus là. Qu'à cela ne tienne, l'orchestre et le public au grand complet se sont dirigés vers la demeure de Rossini. Le troisième acte a été entièrement rejoué (1 heure quand même !), sous les fenêtres du Maître, dans la rue en pleine nuit !
Si vous vous immergez dans cet opéra, vous comprendrez ! Seul Berlioz semblait déçu : il aurait dit "Comment peut-on faire autant de bruit dans un opéra ?" Pour ma part, venant de Berlioz, ce ne pouvait être qu'un compliment déguisé sous l'envie d'imiter cette orchestration magnifique.
L'Assedio
di corinto, Acte 1. La data fe rammento. - 2mn56 - 1,04 Mo -
L'Assedio di corinto, Acte 1. L'alma che geme. - 2mn15 - 0,82 Mo -
L'Assedio di corinto, Acte 2. Ebbene, il nuovo sole. - 2mn14 - 0,82 Mo -
L'Assedio di corinto, Acte 3. All'empio in braccio. - 3mn17 - 1,04 Mo -
L'Assedio di corinto, Acte 3. Di generoso, nobile ardore. - 1mn21 -
0,50 Mo -
L'Assedio di corinto, Acte 3. Celeste provvidenza. - 5mn28 - 1,92 Mo -
L'Assedio di corinto, Acte 3. Giusto ciel! - 4mn21 - 1,53 Mo -
L'Assedio di corinto, Acte 3. Parmi vederlo, ahi mesero. - 5mn10 - 1,81
Mo -
opéra en quatre actes. Livret de Luigi Balocchi et Etienne de Jouy.
Création : 26.3.1827 Théâtre de l'Académie Royale de Musique, Paris
Résumé de l'action : Reprise de l'opéra Mosè.
" Des plans noblement disposés, les combinaisons d'harmonie les plus heureuses vivifiées par l'invention mélodique, la grandeur lyrique exprimée par la gravité des rythmes, tout concourut à transformer le Moïse italien en une oeuvre qui consacrait un principe. Les adversaires de Rossini se déclarèrent eux mêmes vaincus ; la révolution fut consommée ; l'école du chant était désormais maîtresse de l'Opéra." M. Beulé
opéra
comique en deux actes.
Livret d'Eugène Scribe et Charles-Gaspard Delestre-Poirson.
Création : 20.8.1828 Théâtre de l'Académie Royale de Musique, Paris
Résumé de l'action : Le comte Ory, séducteur impénitent et mauvais sujet sympathique, s'est déguisé en pieux ermite pour mieux guetter les femmes et les soeurs des preux chevaliers de la croisade, qui en leur absence, se sont réfugiées au château de Formoutiers. Il aime en particulier la jolie veuve Adèle, soeur du comte Formoutiers. Pendant ce temps, son tuteur et son page Isolier (qui aime aussi Adèle), partis à sa recherche, ne le reconnaissent pas sous son déguisement. Quiproquos, substitutions d'identité, le comte et ses amis se sont travestis en pèlerines pour pénétrer dans l'enceinte du château. Mais Isolier va se jouer d'eux, l'arrivée inopinée du comte de Formoutiers et de ses hommes d'armes les mettra en fuite, et le page sera uni à la femme qu'il aime.
" On eût dit que le public avait le cerveau échauffé par les vapeurs du vin, tant il mit de chaleur à manifester son enthousiasme. Cette musique d'un style tout nouveau, d'une coupe particulière, bouillonnant comme le champagne aux oreilles de la foule émerveillée, produisit un effet électrique. Depuis l'ouverture jusqu'au dernier motif, les deux actes du comte Ory vous charment, vous intéressent, vous éblouissent. Rossini s'est si bien initié au génie de notre langue, il la comprend si bien, qu'il parvient à donner à sa donner à sa musique plus d'esprit qu'aux mots mêmes qui lui servent d'interprètes." Les frères Escudier
opéra
en quatre actes. Livret d'Etienne de Jouy et Hyppolyte Louis Florent
Bis, avec des ajouts d'Armand Marrast et Adolphe Crémieux.
Création : 3.8.1829 Théâtre de l'Académie Royale de Musique, Paris
Résumé de l'action : Les suisses sont sous domination autrichienne et subissent la terrible humiliation de l'autorité tyrannique du gouverneur Gessler. Des patriotes comme Guillaume Tell et Arnold tentent de rallier la Suisse entière afin de mener à bien la conquête de leur liberté. Arnold est malheureusement amoureux d'une princesse autrichienne Mathilde et doit choisir entre son amour pour elle et sa patrie. La nouvelle de la mort de son vieux père tué par Gessler engage Arnold dans un désir de justice et se range entièrement du côté de Tell. Après le défi imposé à Tell par Gessler consistant à tirer sur une pomme placée sur la tête du fils de Tell, Jemmy, Mathilde prend l'enfant sous sa garde. Tell prépare la révolte et avec Arnold bat les autrichiens en s'emparant du fort d'Altdorf. Gessler est tué d'un trait de Tell, Arnold retrouve Mathilde et le peuple célèbre avec bonheur sa liberté et son indépendance.
" Guillaume Tell est sans contredit le chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre. Ici, le maître a su joindre à l'abondance italienne et à la puissance d'inspiration qui règnent dans ses compositions premières, l'intelligence exquise, le sentiment dramatique et la rare délicatesse de goût qui caractérisent nos musiciens nationaux." Eugène de Mirecourt
Sans doute le plus imposant de tous ses opéras. En fait, il s'agit du point d'orgue, du point final, de la perfection même. Comment faire d'autres opéras, en effet, quand on a atteint le plus degré de sa science. Rossini le savait en composant cet opéra : il avait choisit que ce serait le dernier. C'est aussi un des seuls opéras où il a pris le temps de composer. (Après, il lui reste encore 39 ans à vivre et plus jamais d'opéra !)
Outre le sujet, qui est révolutionnaire, surtout devant Charles X ! - comment la censure a t-elle permis sa représentation (les trois glorieuses auront lieu l'année suivante : je suis sûr que cet opéra a eu une influence sur les évènements) ? - la musique est très différente, à la fois innovante et mystérieuse. Il y a de grands ensembles, des choeurs somptueux (le Choeur représente l'image du Peuple-Nation), des mélodies enchanteresses. Mais ce qui le caractérise le plus, c'est son ambiance : un univers, une atmosphère caractéristiques. De plus il existe de nombreux passages uniquement instrumentaux.
Peut-être la première écoute sera difficile : 3 h 55 d'émotions intenses vous attendent mais pour avoir une vision cohérente de l'ensemble en écoutant un CD (donc moins de concentration que dans une salle de concert), il vaut mieux l'écouter plusieurs fois. Les passages déclamés sont nouveaux et font partie de l'innovation. Ils sont difficiles à supporter la première fois mais après on se rend compte qu'ils contribuent à créer cette atmosphère si particulière. Préparer votre stock de larmes, vos yeux vont être mis à contribution ! La fin est exceptionnelle : l'opéra se termine sur une vision ultra descriptive d'un ciel qui s'éclaircit, de la paix, de l'harmonie et de l'amour retrouvés, de la liberté recouvrée ; le procédé du crescendo rossinien est répété mais avec un changement : le tempo est lent ! On est imprégné par ce sentiment de félicité finale : il existe un monde meilleur, l'homme peut le mettre en place par sa volonté, par son amour de la vie, les coeurs idéalistes voient la concrétisation de leurs espérances. Tout résonne comme pour l'éternité. A la fin on ne peut pas applaudir, le silence qui suit est trop bruyant !
Guglielmo
Tell, Acte 1. Cio Ch'Ei Fece L'Oserebbe. - 4mn14 - 1,49 Mo -
Guglielmo Tell, Acte 2. Giuriam Giuriam Pei Nostri Danni... - 3mn26 -
1,20 Mo -
Guglielmo Tell, Acte 3. Ballabile di soldati- 4mn58 - 1,74 Mo -
Guglielmo Tell, Acte 4. Tutto cangia, il ciel s'abbella. (Final) -
3mn09 - 1,46 Mo -
Guglielmo Tell, Ouverture (Extrait). - 1mn29 - 23 Ko -
La
musique de chambre de Rossini.
La
musique vocale, les hymnes et choeurs de Rossini.
Les
"péchés de vieillesse" de Rossini : 161 morceaux.